EA, c’est plus spore que toi !

Spore title

J’ai toujours été attiré par les jeux qui cherchent l’originalité et la différence par l’intelligence artificielle, l’évolution, ce genre de trucs à la con. Une attirance un rien suspecte, d’ailleurs, un peu comme si mon inconscient, conscient, lui, de ce que m’aurait légué Mother Nature, y chercherait discrètement un modeste complément, ou pire, un simple espoir.

Bref.

N’empêche, j’ai toujours été déçu par ces jeux qui promettent monts et merveilles, et qui s’avèrent au final à peine plus sincère qu’un président en campagne (et je ne parle pas du camembert !)

Créatures, par exemple. Du moins Créatures deux, ou trois, je sais même plus. C’était sympa, sur le papier. Dans la boîte de jeu, en plus du cédé d’install, on pouvait trouver une disquette contenant le code spore creatures2génétique (unique !) de plusieurs créatures qu’il nous revenait alors de faire éclore dans une couveuse, puis d’éduquer (éventuellement ré-éduquer en cas de raté). Une sorte de puissant tamagoshi avant l’heure, plusieurs créatures pouvant interagir entre elles, et notamment se transmettre des connaissances (genre s’apprendre à manger, communiquer) mais sans les inconvénients (s’arrête quand on veut, reprise du jeu sur sauvegarde). C’est un peu trop vieux pour que je me souvienne ce que je lui reprochais, il me semble que le système d’apprentissage n’était pas assez réactif, du moins à mon goût. Je crois avoir été découragé par la lenteur d’acquisition des compétences de mes créatures, alors que bon, normalement, c’est tout bête l’apprentissage : bâton / carotte. Une bonne torgnole, ou un bonbec, voilà le secret ! Probablement que la torgnole n’était pas suffisamment bien modélisée pour moi, tout simplement (la carotte, je sais pas, je m’en sers généralement peu, en fait, j’aime pas çà).

(Tiens, idée de jeu Wii au passage… Pour les désespérées house-wifes, un petit jeu Wii de correction de garnements pour se calmer les nerfs, avec simulation de claques et de fessées à la Wiimote)

C’était le bon temps où je travaillais sur l’intelligence artificielle d’ADI (le jeu éducatif), qui le resta, d’ailleurs (artificielle). Je ne peux m’empêcher de remarquer que nous aussi, au début, on avait tout plein d’idées super et à la fin, ce ne fut qu’une bouse, point de vue IA, comme les autres.

spore black and whiteIl y eu aussi… Black and White, de ce cher Peter Molyneux. Révolutionnaire, tiens, l’avatar-animal géant censé s’adapter et agir en fonction de vos actes… Mais comme pour Créatures (deux ou trois, je sais plus), il me manquait du feedback, l’assurance que mes actions influençaient d’une quelconque manière la vie de notre bestiole… Mon meilleur souvenir de B&W ? Les duels d’avatar à se mettre de grosses baffes et se faire des fauchages, ça, c’était rigolo (z’avez déjà vu une vache géante mettre une grosse claque à King Kong ?). Mais sans rapport avec l’IA, finalement.

spore impossible creaturesEnsuite, j’ai bien essayé Impossible Creatures, un RTS rigolo dans lequel on avait des laboratoires génétiques permettant de se faire des unités guerrières à base de jambe de léopard, un torse de souris (pour courir plus vite ma petite), une gueule de crocodile (pour mieux mordre mon enfant), une queue de lézard qui repousse (pour avoir moins de spam), et des oreilles d’éléphant (pour se faire sous estimer en ayant l’air con). C’était rigolo mais, de mémoire, le gameplay du RTS était naze, donc le jeu raté. Sympa, l’idée, mais pourri, le jeu.

On en arrive à l’actualité, avec Spore qui se positionne un poil (hé hé) différemment, en proposant de faire évoluer sa race (ta race !) en passant par toutes les étapes de sa (maigre) évolution.

Voilà un truc qui m’interpelle, moi !


C’est là que les bactéries attaquent !

On s’en rappelle difficilement, mais nos ancêtres, à tous, étaient des bactéries qui s’ébattaient joyeusement dans l’eau, avant de décider, s’y faisant trop chier, de se faire pousser des nageoires et d’autres trucs super, pour se barrer dès que possible. Et donc, dans Spore, pour commencer la phase cellulaire, on nous impose une bactérie toute con qu’il va falloir engraisser pour avoir accès à l’atelier des créatures… Mais là, respect et magie : imaginez un instant un aimable habitant du 28, au hasard, se retrouvant dans un garage, et qui pourrait construire sa caisse entièrement, la tuner de la jupe jusqu’aux gencives, sans limite d’argent, sans soucis d’homologation, juste… limité par un choix qu’on comprend vite comme étant incomplet pour cause de trucs à débloquer en suivant le gameplay (hum). Vas-y que je me choisis un corps, des yeux, des nageoires, et hop, une bonne tête de champion !

spore atelier

Le premier sentiment est que ouah, purée, l’atelier est puissant. On peut prendre n’importe lequel des éléments, l’agrandir, le diminuer, le faire tourner, déplacer des points de jonction (genre éloigner ou rapprocher les articulations), rajouter des yeux, des antennes, des poils, de la déco (non, les poils ne sont pas de la déco, sauf, peut être, dans le sud ouest de l’Europe). Tant et si bien, d’ailleurs, qu’il y a des trucs que j’hésite à classer, entre les cornes, ou les antennes. Bref, on s’amuse, on lui tire les coins, on lui choisit une bouche, et hop, on saute dans le bain, c’est parti pour la première étape de ma glorieuse civilisation !

Bon. Y a de la flotte partout, des couleurs, des bulles, des sons. Notre créature se déplace en nageant de manière assez pathétique. Le gameplay est très succinct. On est une bactérie avec des nageoires, et une bouche. Il faut bouffer les autres, ou se faire bouffer. Ce pourrait être un gameplay poussé de simulateur économique, non, c’est juste un jeu de bactéries à la con (En vérité, je suis méchant car le gameplay est bien plus profond que cela, puisqu’on peut aussi être herbivore, et bouffer des algues plutôt que son prochain).

spore phase cellule

Bon, je fais ce qu’on attend de moi. Je nage, je fais des ronds, des longueurs. J’aimerais bien en profiter pour inventer des nages, faire du crawl, de la brasse, et en déposer les brevets mais non, je ne suis qu’une bactérie, donc je suis juste con à faire la planche.

Lorsque je bouffe un truc (une autre bactérie), je constate à quel point la barre de progression évolue lentement. Un instinct caché me fait secrètement espérer qu’elle est gérée par Microsoft, et que dans les derniers instants elle franchira d’un coup de rein magistral les trois quart du parcours restant, mais malheureusement non.

Parfois, il arrive que je bouffe un truc qui, chouette, me débloquera de nouveaux bouts dans mon atelier. Je suis sceptique quand au réalisme du gameplay, après tout, si j’ai des oreilles, c’est parce que mes ancêtres bactéries les ont débloqués en bouffant un truc jaune qui s’est hasardement trouvé sur leur chemin, mais j’avoue à être prêt à de nombreuses concessions pour pouvoir mettre fin à ce truc chiant (d’accord fiston, tu peux prendre la Z3, mais ne me dérange plus s’il te plait, il faut que je finisse ce truc…).

Parfois, la barre de progression atteint une étape qui me permet de retourner dans l’atelier, et là, chose très étrange, on peut tout remettre à plat pour refaire une toute nouvelle bactérie. Étrange approche de l’évolution. Je suis probablement plus dans un jeu de révolution.

Bref. Je nage, je bouffe, je meurs, je re-spawn, je re-bouffe, je grossis. On pourrait croire qu’en grossissant le gameplay serait un poil amélioré, mais non. On bouffe (et on se fait bouffer par) d’autres trucs plus gros. J’ai lu à droite à gauche que c’était jouissif de pouvoir bouffer les bactéries qui, quelques instants plus tôt, nous pourchassaient… Eh bien non, je ne trouve pas, c’est toujours aussi chiant, en fait.

Je constate d’ailleurs avec effroi qu’Electronic Arts vient de trouver là une terrible technique pour allonger la durée de vie de ses titres… L’écoulement du temps étant relatif à l’intérêt que nous portons à l’occupation courante, faire un truc très chiant donne l’impression d’y passer plus de temps qu’en réalité.

Mais bon, après un temps certain, je constate avec des larmes dans les yeux que la phase cellulaire se termine…

[note de moi : pour rendre hommage aux créateurs du jeu, il est possible pour les curieux, les pervers, ou ceux qui cherchent des trucs à écrire dans un article, de ne pas mettre à sa créature des trucs qu’il semblerait évident d’y coller, comme des nageoires, ou des yeux. Pas la bouche, par contre, c’est pas possible, la bactérie elle a forcément une bouche (hum hum). Sans yeux, c’est à moitié fait puisqu’une bonne partie de l’écran reste visible et qu’une petite partie est masquée par un vieux fog of war. Sans nageoires, c’est très con - ou très masochiste, puisque cela rend la nage plus fastidieuse, donc la phase plus longue. Mais pour rendre hommage, donc, parait-il que les designers avaient tout plein de meilleures idées, comme jouer sur la couleur et/ou la qualité de l’image suivant vos capacités visionesques, ce qui aurait pu être marrant, mais refusé de toute façon par le grand méchant éditeur, EA, plein de bon sens car les gamers, c’est bien connu, sont de gros crétins qui n’auraient pas compris]


Ma première créa-tu-ture !

Premier truc bizarre, une cinématique me fait sortir de l’eau pour rejoindre la terre ferme. Manifestement, l’évolution dans Spore, c’est les bactéries qui apparaissent dans l’eau et qui se barrent fissa sur terre, car c’est bien connu, sous l’eau, on s’y fait chier comme des ragondins morts. D’une part, cela dénote la non consultation de l’espèce Dauphin dans son guide du routard galactique, mais surtout, je ne m’imagine pas un seul instant aller expliquer à un requin blanc à quel point c’est un attardé par rapport à moi…

Mais non, pas le choix, on sort du bain.

spore phase creature

Le gameplay évolue, lui aussi. Grave. Le monde se divise désormais entre les végétariens, les carnivores, et ceux qui bouffent à tous les râteliers. Même les objectifs changent : faire du social en allant chanter des chansons hippies autour d’un feu, ou bien juste bouffer son prochain.

spore creature jeffDans mon atelier, j’essaye de me trouver une guitare et/ou un pétard, je me fais un air cool et je viens m’inviter au squat de quelques créatures étrangères. On pousse un peu la chansonnette l’un et l’autre, jusqu’à ce que je réalise que c’est mon ventre qui chante le plus fort… Mon instinct de prédateur (ou de joueur lassé ?) me fait alors réaliser que chanter plus aller cueillir des fruits pour bouffer, c’est vachement long, par rapport à péter la gueule à son prochain, et bouffer son cadavre : histoire d’être plus efficace, je vire donc carnivore, et j’essaye piteusement de me faire un t-rex.

Une autre grosse déception… J’ai collé des ailes à ma créature pour tester, et je déchante (aucun rapport avec les hippies)… Je suis plus proche du poulet qui fait des bonds et qui plane que d’un fier et bel oiseau… Bon, on sent quand même des efforts pour la physique du jeu, comme par exemple, ne pas coller de jambes à sa bestiole et résultat, le truc rampera à même le sol… De même, la gestion des pattes rend vraiment bien, qu’on ait une, deux, quatre jambes, ou plus si affinités. Genre une, le bestiau se déplace en bondissant, quatre, il marche comme un cheval (les pattes opposées se déplacent ensemble), etc, etc. Ça reste le seul mode accessible, cependant, j’ai bien essayé de lui tordre les genoux dans l’autre sens, mais ça ne change rien. De même, le lapin qui a quatre pattes lui aussi et qui se déplace en bondissant, ben non, ce coup ci, il se déplace comme un cheval. Et il a pas intérêt à la ramener, d’ailleurs, parce que sinon, je le bouffe !

Reste que le jeu est chiant, là encore : du moins, très répétitif, même si on apprend à se faire des compagnons PNJ, ça reste toujours la même chose… Se nourrir, aller exterminer une race voisine (ou se faire trois-quatre-cinq copains avec eux), bouffer, choper des trucs jaunes. Parfois, s’accoupler pour retourner à l’atelier et se rajouter de nouvelles mains/griffes/pieds (baffer la mention inutile).

Pour tout vous, dire, j’ai bien failli m’arrêter là, mais bon, je me suis dit que cela aurait été un peu juste de donner mon avis sur ce jeu tout en n’ayant essayé que deux phases sur les cinq disponibles. Prenant mon courage de demain, j’ai donc patienté en attendant de voir la barre de progression péniblement progresser vers le niveau suivant.


C’est quoi ta tribu ?!

Où l’on découvre sans être prévenu que la créature ne changera plus… Et que l’on travaille désormais dans un atelier de bâtiments, histoire de faire une belle tente de chef au chef. Car oui, c’est bel et bien une tribu qu’on a sous les yeux. Et pour le coup, c’est un passage plutôt sympa découvre que j’ai une case qui permet d’équiper des guerriers, et je les vois alors choper une belle hache en pierre de taille (facile celle là), d’autre, des lanciers pour combattre à distance, des chamans soigneurs. On se fait une petite armée pour chasser, une autre plus petite pour garder le village, l’objectif étant relativement simple… Ramener au village suffisamment de bouffe pour tout le monde. Un petit air de RTS sympathique, sans aller très loin non plus, mais un bon moment.

spore phase tribu

Pour une fois, je regarde la barre de progression aller trop vite vers le niveau suivant…


Spore Meier Civilization !

Après avoir dominé toutes les races inférieures de la planète, voilà t-il pas qu’on prend un peu plus de recul encore et qu’on se retrouve dans un combat mondial pour l’hégémonie de la planète… Fini l’atelier des bâtiments, place désormais à l’atelier des unités, terrestres, maritimes, et finalement aériennes. Petit effort sur leurs caractéristiques, puisque chaque bout que j’y colle influence ma vitesse, ma santé, et mon attaque… Reste qu’on s’en fout pas mal, on se fait plaisir sur le design et puis hop.

spore phase civilization

Pour le coup, un petit air de RTS pas sympathique et plutôt raté, une pauvre ressource à aller chercher, une diplomatie ridicule, une économie limitée. Autant la phase tribu était sympa, autant celle là, de nouveau, je la fais péniblement par curiosité histoire de voir la dernière phase, la phase spatiale.


Et c’est là que tout bascule !

Eh oui, car reparti d’une sauvegarde au milieu de la phase civilisation, j’avais fini par conquérir toute la planète et débuter la phase spatiale… Par l’atelier du vaisseau. Et purée, j’y avais mis tout mon cœur dans ce vaisseau. Genre le truc qu’on ne fait qu’une fois, hein, et qu’on n’a aucune envie de reprendre de zéro en cas de problème… Reste que je fais mon bô vaisseau, je commence la partie spatiale et constate qu’il me faut m’arrêter là pour l’instant, ayant d’autre obligations très probablement moins chiantes. Je quitte donc, malgré le warning du jeu qui m’indique que je vais perdre tout ce qui n’a pas été sauvegardé, ce que je néglige négligemment, me disant que la partie spatiale, je m’en fous qu’elle soit pas sauvegardée, je recommencerai plus tard avec mon bô vaisseau.

Et plus tard, argh…. Non, pas de sauvegardes au démarrage de la phase comme je m’y attendais naïvement, la dernière remontant au milieu de la phase civilisation précédente…. ce qui fut trop pour ma pauvre motivation, déjà rudement mise à l’épreuve jusque là.

Il ne m’est donc pas possible de vous causer de la phase spatiale, et je m’en fous pas mal, ni même de mon bô vaisseau, sniff, tout ce qui m’en reste est un gif animé… Bouououhouh, sniff !


Spore-titude

Au final, que retiens je de ce jeu ? L’éditeur, surtout, hein, et encore, celui des créatures principalement. Celui des bâtiments ou des véhicules, bof. Mais c’est vrai qu’avec l’atelier des créatures, on peut bien s’amuser, entre amis, à se faire des bestioles bizarres, des araignées, voire, plus simplement, des bites, pour tester le moteur physique (car oui, une bite sans patte, ça rampe, oui môssieur !).

spore araignée gregspore bitespore vaisseau

Ci après une mignonne araignée made by Greg, avec des yeux dans les coins, sait on jamais…

spore araignée greg big size

Sinon, la phase tribu est sympa, mais pas au point d’y rejouer, quand même, faut pas pousser.

Serait ce un hasard, donc, si l’éditeur est dispo séparément pour le prix de 10 Eur, je ne crois pas hein. 10 Eur déduit du prix du jeu s’il vous vient l’idée de l’acheter ensuite (pour les crétins ciblés par le marketing d’Electronic Arts, ils pensent vraiment à tout). Maintenant, cela vaut il les 10 Eur pour s’amuser une fois (et encore) ? Permettez moi d’en douter, quand même, hein.


EA Spore, it’s in the game !

Au final, ce jeu ne m’aurait pas fait perdre complètement mon temps, car en cherchant une chute pour mon article je suis tombé sur une petite perle qu’il me tarde (depuis le début) de vous faire partager : Andrew Anthony, le speaker officiel qui nous donne une petite leçon sur comment prononcer la mythique ligne « EA Sports, it’s in the game ! », et rien que pour çà, ben mon article, il ne vous aura pas fait perdre complètement votre temps non plus !

Jeff

PS: j’ai probablement commis des erreurs en sous estimant les capacités du jeu par ci par là, n’y ayant joué que très peu, au final, et je n’en suis pas désolé pour autant. Maintenant, le jeu aurait été bien, j’y aurais plus joué et j’aurais mieux su de quoi je causais, donc c’est pas vraiment ma faute, voyez ?

1 commentaire à “EA, c’est plus spore que toi !”


  1. 1 Greg

    N’empêche, je me suis surpris à prononcer à voix haute le slogan EA Sports. L’est quand même fort, cet Andrew Anthony. Allez, je retourne modifier les jantes de ma créature, histoire de pourvoir utiliser les toutes nouvelles chenilles Kosei 24″, forcément splendides, et tellement plus adaptées au milieu.

Laisser un commentaire

Désolé, vous devez vous connecter pour rédiger un commentaire.